Arno Stern et son oeuvre

Une enfance témoin du drame de la Seconde Guerre Mondiale

Lorsque son père décide de fuir l'Allemagne d'Hitler, la vie d'Arno Stern va prendre une direction déterminante.

Sa famille connaît des conditions de vie précaire en France. En 1942, elle réussit à franchir la frontière suisse. Ils purent être accueillis dans plusieurs camps de travail.

De retour en France, en 1946, on lui demande de s'occuper d'orphelins de guerre. Il choisit de les faire peindre.

Les premières années auprès d'enfants orphelins de guerre

A son retour en France, à la fin de la guerre, il prend en charge des enfants orphelins de guerre dans la banlieue parisienne. Il propose alors, avec le peu de matériel disponible à l'époque, de les faire tracer, à leur plus grande joie. Il aménage l'espace et assiste à un incroyable engouement de la part des enfants. 

La création d'un lieu unique, à l'abri de la fureur de la société

Il constate que cette activité est profitable aux plus grands.  

Il crée l'Académie du Jeudi, premier atelier du Jeu de Peindre à Paris, qu'il nomme Closlieu, un lieu unique, dans lequel petits et grands se livrent au Jeu de Peindre. Le rôle ici de tracer et peindre un tableau n'a pas pour objectif de communiquer avec les autres, mais de vivre le moment présent, sans vouloir produire quelque chose, et laisser s'exprimer sa personnalité en toute liberté. Il va poursuivre son activité du Servant du Jeu de Peindre pendant plusieurs décennies.

Il déclare : "La différence entre l'Art de peindre et le Jeu de peindre : l'Art de peindre appartient aux artistes, le Jeu de peindre, appartient à tous les autres".

Le dessin enfantin n'existe pas

Ses découvertes viennent invalider les écrits sur le dessin enfantin par des auteurs contemporains et plus anciens, souvent repris et cités dans les milieux de la psychologie ou de l'éducation. Ses vues originales sont étayées par de nombreux témoignages réalisés auprès de populations non scolarisées sur les cinq continents. Il s'élève contre les pratiques erronées dans l'éducation dès la prime enfance, comme l'éducation artistique et plaide pour une approche spontanée de l'expression créative.

Il nomme Formulation, ce code universel qui est présent dans tout dessin d'enfant vierge d'influence. Cette trace ainsi perçue n'a rien de fantaisiste, mais correspond à la manifestation d'une Mémoire Organique. L'enfant qui trace n'est donc pas un bon ou mauvais artiste, mais laisse libre court à son être profond. Cette activité libératrice est essentielle. Arno Stern parle de "Giroulis", là où l'on décrit habituellement des "griboullis", il décrit une soixantaine de Figures Primaires, que l'ont retrouve lorsque les personnes tracent de manière totalement spontanée.

Créer un cadre propice au développement de soi

Les personnes qui ont fréquenté un Closlieu décrivent cette expérience comme étant parmi les plus beaux instants de leur vie. Arno Stern a contribué, par ses recherches, à s'attacher à ce qui fait l'essence de l'humanité, sa nature profonde et son génie propre.

Cette nécessité est d'autant plus importante dans notre société ou l'artificiel entre dans nos vies à un rythme que rien ne semble pouvoir arrêter et où l'individu se doit de produire quelque chose. Dans ce cadre propice, cette contrainte n'existe pas.